Franz Liszt ‒ Sources du concert n° 177

   Aujourd’hui M. Liszt a donné dans les salons de M. Erard, la première de ses soirées musicales. Le nom du célèbre pianiste avait attiré une foule brillante, parmi laquelle on remarquait un grand nombre de nos illustrations littéraires et politiques ; c’était comme un rendez-vous de nos diverses gloires qui étaient venues applaudir la gloire musicale du jeune compositeur. L’admirable trio de Beethoven en si bémol, pour piano, violon et violoncelle, a excité un enthousiasme général ; M. Liszt, assisté dignement de MM. Batta et Urhan, a rendu avec une intelligence profonde, la composition du grand maître, tour à tour grave, pleine de force, d’éclat, et de tendresse passionnée. On a applaudi ensuite M. Geraldi, qui a chanté avec son talent accoutumé, la chanson des Huguenots, de M. Meyerbeer. Le solo de violoncelle composé par M. Batta, a également mérité l’approbation du public. Mais les honneurs de la soirée ont été pour M. Liszt, qui, dans l’exécution de son rondo fantastique, a déployé cette fougueuse énergie qu’il sait si bien allier à une suavité pleine de grace et de nuances infiniment délicates, et cette verve, toujours si entraînante, si irrésistible, qui ne manque jamais d’électriser l’auditoire.