Sources

Franz Liszt ‒ Sources du concert n° 361

L’Univers musical, 9e année, no 24, jeudi 13 juin 1861, p. 188

Listz chez Lamartine.

 

   On lit dans l’Opinion nationale, le 6 juin :

   « Listz, qui n’est pas seulement un des plus grands artistes, mais aussi un des plus nobles cœurs du monde, avant de quitter Paris, où il n’est revenu dernièrement que pour affaires privées et non comme virtuose, a tenu à honorer et à charmer comme nul que lui ne pouvait le faire, la retraite, aujourd’hui absolue, du grand citoyen et du glorieux poëte à qui le temps présent doit tant de joies pures et nobles, et à qui, de plus, il dut certain jour son salut. Listz a offert spontanément à M. de Lamartine d’aller porter chez lui et pour lui, tout un soir, l’hommage, le tribut, l’épanouissement complet de son talent incomparable, et il s’est tenu parole ; c’est hier soir que quelques amis ont pu jouir, avec l’illustre solitaire de la rue Ville-l’Évêque, de cette audition précieuse et intime. — Le grand artiste hongrois, ou pour mieux dire européen, a dit, en les mêlant quelquefois de caprices, d’improvisations admirables, ses meilleures pièces avec un fini, une maëstria, une inspiration dont jamais, il l’a dit lui-même, il ne fut à la fois plus rempli et plus maître. « Je fais tout ce que je veux ce soir, » répondait-il, comme modeste atténuation de son triomphe, aux applaudissements et aux admirations qu’excitaient, non les progrès, — il n’en a certes plus à faire, — mais les nouvelles faces d’un talent qui, il y a quinze ans, semblait avoir déjà épuisé toutes les ressources et franchi toutes les limites.

   « Heureuses les retraites consolées de la sorte ! Heureux les talents rares qui peuvent apporter de telles fêtes du cœur, de l’amitié, de l’art, à la tristesse du génie ! »

FÉLIX MORNAND.      


Notes

Date erronée : l’article cité a paru dans l’Opinion nationale du 7 juin et non du 6.


Bibliographie
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