Sources

Franz Liszt ‒ Sources du concert n° 53

Journal du Gard, 11e année, no 36, samedi 6 mai 1826, p. 144
Article signé: « X. »

THEATRE DE NISMES.

   Dans toutes le conditions de la vie, l’homme recherche des succès ; c’est sur-tout la littérature et les arts qui lui montrent la source féconde où son génie peut puiser. Il me souvient d’avoir vu de ces revues épisodiques adroitement mises en scène par nos plus spirituels vaudevillistes, tels que la Féerie des Arts, le Diable d’argent, etc., où les différens genres de succès étaient présentés au public sous l’aspect qui leur était propre ; on les définit succès d’estime, succès de vogue, succès d’argent, et, ce qui est vraiment déplorable, ce dernier genre de succès est le plus couru, le plus envié, et l’on est convenu aujourd’hui qu’une palme dorée vaut le plus beau laurier. Toutefois il m’est agréable de convenir qu’il est des exceptions honorables, et l’un des plus beaux talens de notre époque, le jeune Liszt, vient d’en donner une nouvelle preuve.

   Ce virtuose (déjà célèbre à un âge où l’homme, languissant sur les bancs de l’école, bâille [sic] sur Virgile et sur Rodolphe) s’est de nouveau fait entendre sur notre scène, jeudi dernier. Les souvenirs brillans qu’il avait laissés parmi nous, avaient attiré à ce concert une société choisie, envieuse d’entendre et d’applaudir le nouveau Mozard [sic]. Je ne crains pas de dire que l’attente des spectateurs a été remplie ; le jeune Liszt s’est montré digne de lui-même ; il a ravi tous les suffrages dans ce hors d’œuvre final qu’il appelle ses improvisations, genre neuf, original, où il se montre inimitable, et qui décèle le génie. Néanmoins on a remarqué qu’il n’avait pas été aussi bien inspiré dans ses variations sur l’air : Je suis encore dans mon printemps. Il est difficile sans doute de varier un air de Méhul d’une manière digne de ce grand maître.

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